Le contrepoint d'Isaac : chronique d'une impossibilité amoureuse (acte V - 2)
Acte 5 scène 2 : Isaac ou l’art de ne pas savoir rompre (parenthèse confinée)
Les semaines qui ont précédé l'instauration des mesures d'urgence sanitaire inhérentes à la pandémie de Covid-19 furent le théâtre d'un véritable chaos personnel dans la vie de mademoiselle B. Et pas seulement parce que notre relation claudiquait sérieusement. Mademoiselle B. venait de sortir, non sans peine, de sa crise d’angoisse qui l’avait terrassée et dont je portais une part de responsabilité indéniable. J’avais dû néanmoins ravaler, provisoirement, ma tentative de rupture face à son refus de voir notre relation cesser. Mademoiselle B. manifestait un état de fragilité mentale inquiétant et je ne pouvais pas y rester indifférent.
Elle traversait une mauvaise passe et j’avais le devoir de l’aider à surmonter cette épreuve. Je gardais pour elle beaucoup d'affection, indéniablement, de l’amour probablement. Je mesurais la valeur de ce qu’elle m’avait apporté à titre personnel pendant ces quelques mois passés à ses côtés. Et je ne souhaitais nullement que la fin de notre relation amoureuse signe la fin de notre relation humaine. Je le souhaitais en effet même si je savais que ce désir était sans doute illusoire.
Je nourrissais secrètement l’espoir (imbécile) que notre relation prenne une direction de nature fraternelle. Je voulais qu’elle admette qu’elle pouvait compter sur moi. Je serais devenu un mentor, un mécène de vie, un frère affectueux et attentionné, parfois incestueux quand elle voudrait. Bref, je me rêvais en chevalier blanc avec ma cape et mon épée capable de tuer une armée de démons pour la protéger. Mais il fallait en contrepartie que mademoiselle B. accepte de tuer le conjoint qu’elle projetait en moi. Las, mademoiselle B. n’avait que faire d’un chevalier blanc ou d’un mentor. Ce qui peut se comprendre, au demeurant.
La situation devenait de plus en plus absurde : je faisais en sorte de me rendre disponible pour mademoiselle B., devançant même ses sollicitations, mais ne pouvais pas m’empêcher de lui reprocher mezzo voce de ne pas accepter l’évidence de notre impossibilité amoureuse. La moindre étincelle devenait explosive. Et l’explosion a bien failli se produire en pleine rue…
Un samedi de début mars je rentrais de S. où je donne des cours à l’Université. Mon train me ramenait dans la ville où vit ma mère, située à mi-chemin entre mes deux domiciles. Arrivé chez ma mère, j’appelai Victoria pour lui confirmer que je ne rentrerais pas ce week-end pour m’épargner un aller-retour aberrant pour causes d’élections municipales le lendemain (eh oui, je suis toujours inscrit sur la liste électorale de ma ville maternelle bien que je n’y vive plus depuis l’âge de 17 ans !). Victoria m’annonça par ailleurs qu’un foyer épidémique de Covid-19 s’était déclaré dans son hôpital quelques jours plus tôt. Elle commençait à voir la menace épidémique prendre consistance. Elle me précisait qu’il était prudent de ne pas entrer en contact avec elle avant d’être sûre qu’elle n’était pas porteuse de symptômes. Victoria trouvait raisonnable que je passe la soirée avec ma mère mais elle désapprouvait en revanche mon projet d’aller au restaurant avec elle : « Vous devez rester à la maison, vous ne devez pas prendre de risque, la situation devient franchement inquiétante, c’est irresponsable ». Je décidais ne pas tenir compte de cette mise en garde et étais bien décidé à inviter ma mère à dîner.
Sauf qu’à la dernière minute j’ai accepté, un peu à contre-cœur, de faire la route pour retrouver mademoiselle B. Celle-ci venait de me signifier son envie de passer la soirée avec moi après sa journée de boulot. Lorsque ma mère est rentrée chez elle après ses courses en ville, je lui ai dit que je ne passerais pas la soirée avec elle. Je devais partir. Ma mère fit moue dubitative :
« Tu vas retrouver ta copine, c’est ça ? En plus, tu vas faire 80 km pour revenir voter demain, c’est complètement débile. Il faut vraiment que tu mettes fin à cette relation sans queue ni tête.
- Je fais ce que je peux. Elle ne va pas bien, j’essaye de faire les choses proprement. »
Je retrouvais donc mademoiselle B. une heure plus tard et nous avons commandé un verre dans un bar à vin de notre ville où elle m’avait rejoint en sortant du boulot. La discussion s’est subitement tendue lorsque j’ai évoqué la situation de Victoria et l’apparition d’un foyer de covid-19 dans son hôpital. La situation devenait inquiétante selon moi, il fallait être prudent.
« Je crois qu’on a atteint le quota d’évocation de Victoria. Je pense que c’est bon pour ce soir » m’a-t-elle répondu sèchement.
J’encaissais le direct du droit en pleine face. Aucune empathie pour Victoria, je pouvais le comprendre, mais résumer la situation épidémique et la mise en danger des soignants à des problèmes secondaires qui regardaient sa rivale, je trouvais cela totalement indécent.
Cependant, le patron du bar a subitement mis fin à notre querelle naissante : « On nous informe que les bars et restaurants devront fermer à compter de minuit !». Effroi.
En sortant du bar, je vois un nombre anormal d’appels manqués sur mon téléphone. Victoria avait tenté de m’appeler plusieurs fois, de même que ma mère, ne parvenant pas à me joindre. Grosse sécrétion d’adrénaline qui me poignarde le myocarde. Ma mère ignorait que j’avais envisagé un temps de passer la soirée chez elle et de l’inviter à dîner.
Faute de parvenir à me joindre, Victoria avait appelé ma mère pour lui dire que les bars et restaurants allaient fermer et qu’elle ne parvenait pas à me joindre. Par chance, ma mère a eu la présence d’esprit de ne pas lui dire que je n’étais plus chez elle. Lorsque je rappelais ma mère celle-ci m’a balancé :
« J’ai rattrapé le coup mais c’est la dernière fois. Je ne veux plus être associé à tes histoires. Maintenant tu rappelles Victoria et tu te démerdes avec elle. Tu lui dis ce que tu veux, que tu es chez moi ou avec ta maîtresse, mais ne m’implique plus dans ta vie merdique. »
Je m’en veux infiniment. Je m’en veux de ne pas avoir été capable de m’en tenir à mon souhait initial de mettre fin à cette relation intenable. Je m’en veux d’avoir impliqué ma mère dans les affres de ma vie sentimentale, de ne pas l'avoir écoutée. Il faut dire qu’elle m’exhortait depuis des semaines à mettre fin à ma relation avec mademoiselle B.
« Cette relation te tire vers le bas », me disait-elle. « Regarde, tu n’as pas écrit une ligne de ton bouquin depuis des mois. »
Après avoir raccroché, j’explosais devant mademoiselle B., en pleine rue :
« J’en ai ras le cul de cette situation. Là, tu vois, Victoria a failli découvrir que j’étais avec toi et ma mère vient de me sauver la mise. Si Victoria avait appris que j’étais avec toi, c’était fini entre nous, immédiatement !». Mademoiselle B. était pétrifiée.
Je prenais le large et rappelais Victoria et parvenais à éteindre définitivement l’incendie. Par un heureux hasard elle n’avait pas découvert la supercherie.
J’étais en colère tandis que mademoiselle B. était au bord des larmes. Cela dit, un coup de fil allait dépayser furieusement le drame. La chef de service de mademoiselle B. la prévenait que son établissement serait désormais fermé au public. Nous allions tout droit vers le confinement qui sera déclaré 2 jours plus tard. Le tsunami que provoqua cette annonce reléguait notre scène de dispute au rang de vulgaire secousse.
Je vis du désespoir dans les yeux de mademoiselle B. J’avais bien perçu depuis plusieurs semaines qu’à mesure que l’étau du Covid-19 se resserrait, mademoiselle B. était de plus en plus anxieuse. Une angoisse qui n’avait que très peu à voir avec cette épidémie dont elle minimisait alors la portée. Avec l’annonce de la fermeture de son établissement, mademoiselle B. se trouvait subitement confrontée à un profond sentiment d’inutilité sociale. Son monde s’écroulait.
Mademoiselle B. s’est battue toute sa vie pour démontrer au monde entier (et surtout à elle-même) qu’elle pouvait devenir quelqu’un à la seule force du poignet. Mademoiselle B. avait une mission de vie : déjouer les sombres présages de cet oncle pervers qui lui avait asséné si souvent qu’elle ne serait jamais rien. Dans cette lutte existentielle que menait mademoiselle B. face à ses démons, le travail occupait une dimension quasi-ontologique. Priver mademoiselle B. de sa fonction sociale dérivée de son activité professionnelle, c’était littéralement tuer une partie de son être. Cette dimension laborieuse qui lui avait redonné une dignité humaine et sociale après les lourdes épreuves qu’elle avait subies.
Comme chaque année elle avait travaillé d’arrache-pied, pendant des mois, pour concevoir de A à Z un scénario de jeu de rôle qui devait être l’un des moments forts d’une manifestation culturelle de la ville. Et tout cela était balayé par un vulgaire virus. A ce moment précis, je remisais mes acrimonies. Je devais soutenir mademoiselle B., lui remonter le moral et être à ses côtés.
Enfin, façon de parler car le confinement allait nous imposer un exercice historique d’isolement social et physique. J’étais cloîtré dans ma garçonnière, à quelques kilomètres de mademoiselle B mais sans possibilité de la voir. Cloîtré, pas réellement car je dois préciser que mes responsabilités professionnelles m’ont contraint de travailler chaque jour ou presque sur mon lieu de travail. En effet, j’étais potentiellement le seul à pouvoir autoriser le paiement des dépenses publiques vitales pour des milliers d’usagers du service public. Je vivais donc un confinement intermittent, interrompu par les allers-retours sur mon lieu de travail afin de diriger mon équipe à distance, puisque la quasi-totalité du personnel avait été mise en télétravail. Période difficile du point de vue professionnel, éprouvante à de nombreux égards mais finalement assez heureuse ; les circonstances faisaient naître un élan de solidarité imprévu qui démontrait que, dans l’épreuve, les êtres humains sont capables de se serrer les coudes.
A 120 km de là, Victoria vivait quant à elle l’enfer de la prise en charge de l’épidémie de Covid-19 au sein de son hôpital. Vouée corps et âme à la gestion sanitaire de ses services et des malades, elle vivait une apocalypse sanitaire et personnelle inouïe bien qu’elle ne fût pas, de par ses fonctions de Directrice des soins, directement en contact avec les malades. Après ma journée de boulot, je tâchais de prendre de ses nouvelles par téléphone, passablement inquiet qu’elle choppe cette saloperie mais surtout qu’elle y laisse sa peau, physiquement et nerveusement. De nos échanges, je retirais le matériau brut qui qui m’a permis de rédiger un très long texte sur l’hôpital, à la fois intime et politique. La situation me révoltait tout autant que la solidarité de façade que manifestaient les gens à l’endroit des soignants. Facile de les dépeindre en héros et d’applaudir aux fenêtres chaque soir à 20 heures quand on a détourné les yeux, quelques semaines auparavant, lorsque les matraques se sont abattues sur les crânes de professionnels de santé qui revendiquaient simplement des conditions de travail dignes... Après avoir obtenu l’aval de mon Premier surveillant, le collège d’officiers de ma loge a accepté l’idée que je présente ce texte lors d’une future tenue, lorsque la vie maçonnique reprendrait son cours.
Pour le reste, notre couple n’existait plus ; Victoria n’était plus à même de me consacrer ne serait-ce que quelques minutes d’attention. Nos discussions tournaient autour de l’épidémie, encore et encore. Et se ressemblaient furieusement. Certains week-ends, nous avons tenté malgré tour de nous adonner à la mode improvisée des apéros-zoom avec nos meilleurs amis. Rituel bizarre, froid et désincarné mais pas désagréable. Toutefois Victoria s’étiolait rapidement en raison du décalage flagrant entre son quotidien et celui de nos amis, confinés avec leurs enfants et totalement dispensés d’activité professionnelle.
Victoria était un spectre, lointain et désincarné. J’étais néanmoins fier de son abnégation professionnelle et inquiet pour sa santé. Et j'espérais vivement que la sortie de confinement serait synonyme de nouveau départ entre nous. Mais pour l’heure tout nous séparait, à commencer par la distance physique.
Dans ce contexte, je pouvais - je devais - consacrer l’essentiel de mes préoccupations à mademoiselle B. Pour cette dernière, le confinement et surtout l’oisiveté imposée, constituaient un choc émotionnel de grande intensité. Mais nous ne pouvions nous voir, car je souhaitais respecter scrupuleusement le confinement. Par respect pour Victoria, par solidarité avec tous les soignants qui risquaient leur peau dont je me sentais profondément solidaire. Et aussi, car je n’ai pas jugé utile de donner l’adresse de ma maîtresse à mon employeur pour qu’il l’indique sur ma dérogation permanente de sortie.
Faute de pouvoir nous voir en chair et en os, nous avons donc mis sur pied un rituel quotidien de conversations webcam qui allaient occuper la plus grande partie de nos soirées de confinement.
Au début, les conversations étaient assez âpres. Notre rupture manquée et mon souhait affiché de continuer à faire ma vie avec Victoria apparaissaient en filigrane de nos discussions. De plus, son sentiment d’inutilité, tous ses projets qui s’étaient écroulés comme un château de cartes, tout cela revenait comme un leitmotiv. Mademoiselle B. vivait terriblement le confinement et elle redoutait que cette épreuve ne nuise à son équilibre psychique.
Et puis progressivement la sérénité est apparue dans nos échanges. Victoria avait, comme par enchantement, disparu du paysage et j’allais passer de longues semaines sans la voir, ce qui me retirait tout motif pour parler d'elle. Mademoiselle B. occupait, pour la première fois, une place centrale dans ma vie et c’est ce qu’elle avait toujours espéré.
Un autre événement allait radicalement modifier l’état de forme psychique de mademoiselle B. Elle trouva une place de bénévole pour fabriquer des masques pour l’association des paralysés de France. Mademoiselle B. redevenait utile à la société et à elle-même. Elle pouvait, de surcroit, quitter chaque jour son domicile pour coudre des dizaines de masques en pleine pénurie. Elle revivait et participait elle aussi au grand élan de solidarité nationale. Et elle ne laissait pas le monopole du courage à sa rivale Victoria, l'héroïne soignante qu'elle jalousait et admirait tout à la fois.
Au fil de nos soirées passées par écrans interposés, nous commencions à aborder des quantités de sujets plus ou moins légers : ses angoisses, sa famille, ses démons, la littérature fantastique, mon engagement maçonnique etc... Parfois je provoquais un accès de mélancolie en évoquant des sujets sensibles, à d’autres moments des éclats de rire. Tout cela était toutefois très sain.
Puis, progressivement, nous avons commencé à basculer sur le terrain érotique. Il faut bien l’avouer, la sexualité a toujours été le domaine de notre relation dont elle n’avait pas à craindre la rivalité de Victoria.
Un soir je lui demandais de me monter ses seins… Ce fut le point de départ d’un jeu quasi-quotidien dans lequel mademoiselle B. échafaudait des stratégies incroyablement imaginatives pour me les montrer furtivement tout en dissimulant ses tétons sous un collage dessiné. Cette petite fantaisie érotique ritualisée et sans cesse réinventée me ravissait et l’inspirait. Mais j’ai voulu aller plus loin. Un soir j’interrogeais mademoiselle B. sur ses fantasmes sexuels. Elle fut un peu déstabilisée et eut besoin d’une journée de battement pour me préparer sa réponse. Elle établit donc une liste, désespérément sage, qu’elle n’osa pas me dire franchement lorsque je la relançai sur le sujet. Au prix de circonlocutions, elle cracha le morceau sur ses fantasmes qui reposaient en réalité davantage sur la mise en scène de l’acte sexuel que sur l’acte lui-même : elle nourrissait un fétichisme pour mon costard de boulot, était excitée par l’idée qu’on lui fasse l’amour sur son lieu de travail, sur sa table de cuisine… Je lui fis part de ma petite déception ; je m’attendais plutôt à ce qu’elle m’avoue qu’elle fantasmait un plan à trois avec deux gars (« excitant, mais déjà fait »), qu’elle rêvait de foutre son partenaire avec un gode-ceinture (« j’aurais trop peur de faire mal »), se faire attacher à son lit et se faire sodomiser (« ça pourrait me plaire, si c’est bien fait ! ») ou encore se faire insulter (« ça, c’est pas mon truc ») …
J’ai pas mal galéré pour lui tirer les vers du nez. Finalement je réussis à obtenir des informations intéressantes sur son imaginaire fantasmatique ; en contrepartie je lui avouais certains de mes fantasmes : la sodomie bien sûr, faire l’amour avec deux femmes, me faire pisser dessus sous la douche (« ah ouais ?! cela dit ça peut être marrant. Mais comment tu vois le truc ? »), attacher ou me faire attacher…
Je précisais bien que les fantasmes relèvent de l’imaginaire érotique et se distinguaient du désir sexuel. Je ne suis certain d’avoir foncièrement envie de tous les réaliser un jour. Ni même que leur réalisation me procurerait du plaisir.
Ces discussions ont eu pour effet de réveiller chez chacun de nous un torrent d’excitation. Et nous avons franchi le pas du sexe par écrans interposés. Des séances de masturbation et de voyeurisme mêlés assez intimidantes mais très excitantes, amenées par de longues minutes de suggestion et de mise en confiance mutuelle où l’on jouait alternativement à se faire dicter ses actes sans jamais que la frontière du consentement ne soit jamais franchie. A cette occasion, j’ai eu l’occasion de faire connaissance avec le sex-toy de mademoiselle B., ce totem sexuel qu’elle n’avait jamais osé me montrer. Elle attendait mes directives et elle s’exécutera en l’appliquant sur son sexe jusqu’à atteindre un orgasme assez vif devant mes yeux ébahis.
Cette expérience de visio-sexe était tout autant excitante que congruente avec l’époque. Dans un siècle, on se souviendra du confinement comme les deux mois qui ont fait triompher la webcam dans l’histoire de l’humanité : télétravail, réunions de famille, apéros et sexe… Internet infiltrait nos vies jusqu’aux détails les plus intimes de l’humanité. Meilleur des mondes …
Je ne sais pas, rétroactivement, si ces séances de masturbations devant écran relèvent d’une pratique sexuelle saine ou glauque. Mais nous y avons pris du plaisir. Et je réalisais, certes au travers d’un écran, mon vieux fantasme de voir ma partenaire livrer son intimité onanistique à mon regard voyeur (et réciproquement car nous avons également inversé les rôles). Tout en admettant cette expérience était très pauvre en comparaison avec la sensation du corps de l’autre et l’animalité des étreintes… Pauvre mais pas inintéressante.
Au bout de quelques semaines, nous sommes convenus que nous devions transgresser le confinement. Je pris l’initiative de me rendre chez mademoiselle B, un week-end. Sur mon attestation de sortie, j’indiquais que je me déplaçais chez une amie afin de donner mon linge à laver. Ce qui était formellement exact puisque je n’ai pas de machine à laver dans mon appartement de célibat et mon stock de chemises de boulot commençait à fondre. Nous nous sommes donc retrouvés une première fois dans un état de désir paroxystique. La première d'une série assez idyllique.
Je peux dire aujourd’hui que jamais nos étreintes n’ont atteint un tel niveau d’intensité et d’harmonie que pendant cette période de confinement. Nos corps étaient à l’unisson, préalablement chauffés par des heures de discussions érotiques distantes.
Nous nous sommes donc retrouvés chaque week-end chez mademoiselle B, sans que j’aie le désagrément de devoir me justifier auprès de la maréchaussée. De son côté, elle était beaucoup plus timorée et craignait de rompre le confinement. Peur du gendarme très ancrée dans son esprit.
Ces week-ends passés ensemble furent véritablement heureux. Nous formions un couple complice et le sexe n’était nullement la seule raison de ce bonheur confiné bien qu'il y contribuât vivement. Nous jouions à des jeux, faisions les courses, regardions des films, écoutions de la musique, parlions de littérature fantastique et de ses MOOC sur le monde de l'imaginaire. Et Victoria n’était plus là pour noircir le tableau de mademoiselle B. Elle atteignait à la plénitude et s'approchait de l'ataraxie.
Un événement vint modifier notre petit train-train au bout d’un mois de confinement. La mère de mademoiselle B. qui travaille en EHPAD craignait pour la vie de son fils, le demi-frère de mademoiselle B., âgé de 17 ans. Elle demanda à mademoiselle B. d’accueillir son frère jusqu’à nouvel ordre. Un grand gaillard taiseux et dégingandé débarquait donc chez mademoiselle B afin de se protéger de ce méchant virus que risquait de ramener sa mère à la maison. Je comprenais la démarche, même si je le trouvais pour le moins discutable. Bousculer un adolescent et l’envoyer vivre chez sa sœur pendant plusieurs semaines me semblait potentiellement déstabilisant pour le jeune homme, à un âge où l’on n'aime pas trop être bousculé. Comment allait-il vivre de déracinement forcé ? Je constatais que, définitivement, la mère de mademoiselle B. avait une façon pour le moins curieuse d’aimer ses enfants.
Mademoiselle B. accueillait quant à elle cette mission avec beaucoup d’enthousiasme. Il s’agissait pour elle d’une responsabilité familiale de première importance qui lui permettrait enfin, du moins le souhaitait-elle, de tisser de véritables liens fraternels avec ce demi-frère qu’elle connaissait si peu. Je crois malheureusement que l’expérience fut, de ce point de vue, assez décevante. Son frère est resté calfeutré dans sa chambre pendant la plus grande partie de son séjour, ne décrochait pas un mot, se levait à point d’heure et a littéralement décroché de sa scolarité. Et il ne s’est jamais livré, n’a jamais eu ces discussions intimes que mademoiselle B. espérait tant. Elle était désemparée, ne savait pas comment s'y prendre. Un jour la mère de mademoiselle B. appela affolée pour dire que le lycée l’avait contactée : il ne rendait plus ses devoirs alors même qu’il assurait à mademoiselle B. qu’il suivait normalement la scolarité à distance que l’Education nationale avait improvisée. Mademoiselle B. l’avait sévère : son frère lui racontait des craques. Pour le reste, il était assez conciliant et respectait le cadre de vie minimal que lui imposait sa sœur. Mais il se foutait gentiment de sa gueule.
Je fis connaissance avec le gaillard à l’occasion de mes transgressions de confinement de fin de semaine. Je tentais de le mettre à l’aise et de m’intéresser à lui ; mais rien n’y faisait. Un regard fuyant, quelques mots à peine perceptibles et il s’enfuyait dans sa chambre. J’ai même tenté de lui faire plaisir en lui demandant ce qu’il aimait manger. Réponse : « Je ne sais pas trop ». J’ai fait des courses généreuses, l’ai initié aux joies des asperges fraiches. Rien, pas un merci ni un signe quelconque de satisfaction. Cela dit, il dévorait son assiette sans coup férir. Le soir, il se déridait tout de même un peu à l’occasion d’un jeu de société mais ne s’adressait jamais directement à moi.
Petit incident, un soir. Alors que nous jouions à Pandémie (ça ne s’invente pas), il se permit de parler de moi à la troisième personne en s’adressant à sa sœur pour m’indiquer le coup que je devais jouer. Visiblement, il n’avait pas retenu mon prénom et m’appela « machin ». Petit temps de battement, mademoiselle était médusée. Un peu abasourdi, je fis remarquer à l'ado irrévérencieux que je portais un prénom. Pas de réponse, regard fuyant, retour au jeu. Que nous avons perdu face à la pandémie...
Le lendemain, je fis part de mon agacement à mademoiselle B. Il ne pouvait pas se comporter ainsi. Qu’il me manque de respect, passe encore, mais qu’il se comporte sous le toit de mademoiselle B. comme s’il était à l’hôtel, qu’il mente à propos de son décrochage scolaire, qu’il se lève à 13 heures tous les jours après avoir passé la nuit devant son smartphone et qu’il ne dise pas un mot, je trouvais cela problématique. Comme tout adolescent, il cherchait les limites et il devait les trouver. Il était sous la responsabilité de mademoiselle B. et devait se soumettre aux règles communes de la maison. Je proposais à mademoiselle B. d’avoir un temps de discussion avec son frère avant de rentrer chez moi. Elle approuva. Je me suis donc rendu dans l’antre de l’adolescent.
« Je peux te parler 5 minutes, lui dis-je très calmement
- Si tu veux, répond-il, affalé sur son lit en me regardant de biais
(J’entre sans chambre, lentement pour ne pas trop le brusquer et je me plante devant lui).
- J’ai pas trop apprécié que tu m’appelles « machin » hier, c’est pas très respectueux tu sais.
- C’est pas contre toi, je me souviens pas forcément de tous les prénoms
(je m’attendais à tout sauf à cette réponse)
- Tu sais que ta sœur se donne beaucoup de mal pour que tu te sentes bien mais elle a l’impression que tu es un étranger ici et ça lui fait de la peine. Tu ne dis rien et tu es enfermé toute la journée dans ta chambre. Tu te sens bien ici ?
- Je sais pas trop. Ouais, je crois. Franchement ça va …
- Et pourquoi, tu ne fais plus tes devoirs alors que tu as dit à ta sœur que tu les faisais.
- Parce que ça ne m’intéresse pas trop.
(C'est vrai, après tout, on ne devrait faire dans la vie que les choses qui nous intéressent)
- Je n’ai pas à te commander, je ne suis rien pour toi mais je tiens beaucoup à mademoiselle B. Alors tâche de faire un effort pour ta sœur. Elle vit mal la situation.
- Ouais, je vais y réfléchir »
Fin de discussion. Je sors de la chambre et fais un compte-rendu de l’échange à mademoiselle B. Elle semble assez contente de m’avoir vu endosser furtivement le costume de tiers séparateur. Avant de partir, je conseille à mademoiselle B. de fixer des règles plus strictes, voire de couper la box à partir de 23 heures. Elle allait y réfléchir, elle aussi.
Au fond de moi, j'éprouvais de la sympathie pour le garçon même si je pensais qu’il abusait sérieusement. Cependant, qui étais-je pour lui faire la morale ? Personne. Tout au mieux, l’amant de sa sœur qui sortirait de sa vie aussi vite qu’il y était entré.
Je me disais en outre qu’il devait être complètement déboussolé. Mis à la porte de chez lui, censément pour son bien, par une mère aimante qui prenait néanmoins le parti de déléguer son autorité parentale à sa fille. Je trouvais qu’il s’agissait d’une situation d’une extrême violence symbolique. Certes, leur mère était elle-même soumise au traitement révoltant réservé aux professionnels d’EHPAD et elle voulait sincèrement préserver son fils. Mais je ne pus m’empêcher de penser, qu’en en réalité, elle cherchait à se préserver elle-même. Elle se débarrassait provisoirement de cet enfant encombrant qui l’empêchait de se vouer, corps et âme, à sa mission sacrificielle.
Comment aurais-je réagi en pareille circonstance, si ma mère m’avait contraint, à l’âge de 17 ans, de quitter le domicile pendant des semaines pour pouvoir se consacrer à son métier ? Je pense que je lui en aurais voulu à mort. Car un adolescent est un animal territorial qui a besoin de repères stables et d’un cadre de vie sécure. Et bien sûr, de constance affective de la part de ses parents.
Nous nous situions 15 jours environ avant que le confinement ne soit levé. Depuis quelques temps, le bonheur de nos instants partagés se teintaient d'une mélancolie latente. La fin de notre parenthèse enchantée devenait inéluctable et une sorte de compte-à-rebours implicite s’était mis en place. En premier lieu dans l’esprit de mademoiselle B. Je constatais qu’elle était plus taciturne, ses yeux tombants reflétaient à nouveau cette angoisse typique qui habitait son regard habituellement. Elle savait que bientôt je retrouverais Victoria et qu’elle serait de nouveau reléguée dans l’ombre de ma vie amoureuse.
Elle a mis un coup de rein achever la première toile qu’elle s’était engagée à m’offrir. Premier opus de la commande que je lui avais passée en contrepartie de la donation que je lui avais consentie afin qu’elle puisse achever sa salle de bain.
Un dimanche après-midi, mademoiselle B. m’annonça qu’elle avait deux choses à me donner. Nerveuse, elle m’offrit cette première œuvre que je découvris avec un peu d’émotion : une petite toile circulaire, sombre et emplie de symbolisme. Une chimère en nuances de gris, composée de son corps nu hybridé à un arbre dont les branches tentaculaires poussaient à la place de sa tête et de ses bras. Beau et effrayant à la fois. Surtout très dark. Ma réception de l’œuvre la rassura. Je trouvais le travail de qualité et fus particulièrement heureux d’obtenir ce présent dont je mesurais la valeur sentimentale.
Puis elle me dit :
« J’ai autre chose à te donner. Reprends cela et occupe-toi des démarches ».
Elle venait de me mettre entre les mains le cadeau que je lui avais fait à Noël. Le justificatif de réservation d’un séjour dans un hôtel de luxe de la Région. Un séjour en amoureux assez coûteux qui était tombé à l’eau en raison du confinement. Je ne savais pas comment prendre la chose. Elle se délestait de ce cadeau dont elle percevait, tout autant que moi, le caractère irréalisable. Satané cadeau improvisé qui avait remplacé une place à l’opéra que je ne pouvais plus lui offrir car Victoria avait eu la même idée. Je repris avec tristesse ce cadeau qui ne m’appartenait pas.
Dans sa chambre deux autres tableaux étaient encore en cours de finalisation. Je ne cherchais nullement à les découvrir. Ils seraient le point d’orgue de notre parenthèse enchantée.
Quelques jours plus tard, j’annonçais à mademoiselle B. que je rentrerais le week-end pour retrouver Victoria. Je devançais de quelques jours la sortie de confinement. Mademoiselle B. restera interdite et me signifiera son incompréhension face à mon souhait de devancer l'échéance. L’âpreté des échanges que nous avions réussi à chasser pendant toute la durée de notre parenthèse enchantée réapparut subitement, à la simple évocation du nom de Victoria. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas comprendre, que j’aie sincèrement envie de revoir Victoria après ces deux mois d’éloignement et surtout après les deux mois idylliques passés à ses côtés. Retrouver ma compagne que je n’ai jamais cessé d’aimer en dépit de l’amour que m’avais offert ma maîtresse. Mademoiselle B. était blessée. Je l’avais blessée en lui rappelant que Victoria faisait partie de ma vie et que rien n’avait changé en dépit du confinement. Des circonstances exceptionnelles avaient placé mademoiselle B. au centre de mon existence mais cette parenthèse était vouée, depuis le début, à se refermer.
Le lendemain, mademoiselle B. m’appela alors que j’étais chez moi en train d’enregistrer la musique dont j’avais offert le choix du titre à mademoiselle B. Elle m’avait demandé une épreuve sonore de ma composition pour l’aider à la baptiser. Elle voulait me voir quelques minutes après être allée coudre, pour une dernière fois, des masques. Simplement pour me voir, pour qu’on se prenne dans nos bras. Je fus heureux de la voir mais ressentis une infinie tristesse. Ce câlin signait la fin d’un cycle. Nous le savions tous les deux. Mademoiselle B. s’en fut comme elle était venue et me laissa là avec ma mélancolie.
Après avoir achevé mon enregistrement, je partais pour retrouver Victoria. Quelques heures plus tard, je la revoyais pour la première fois après ces deux mois d’apocalypse sanitaire. Nos retrouvailles furent douces et heureuses. Victoria était éreintée mais elle était toujours aussi belle. Et je me rendis compte que mon amour pour elle était intact. Mais il fallait que beaucoup de choses changent.
J’étais tiraillé par l’idée de sortir de l’ambiguïté amoureuse dans laquelle j’étais enlisé depuis des mois. Je devais trouver le moyen de lui avouer l’existence de mon escapade polyamoureuse. Je souhaitais y mettre fin c’était évident et je me préparais mentalement à rompre, pour de bon, avec mademoiselle B. Mais je devais confronter Victoria aux causes de cet aventure extra-conjugale. Lui faire comprendre qu’elle avait par trop négligé notre couple et que nous devions trouver les moyens de verbaliser nos errances sentimentales.
Nous avions commencé un cycle Bergman avant le confinement. Je lui proposais de reprendre le visionnage des films du maîtres suédois et choisis à dessein Scènes de la vie conjugale. Film génial sur les errements du couple et de l’infidélité. Qui faisait écho à notre problématique amoureuse au-delà de mes espérances. J'interrogeai Victoria sur le sens profond du film et surtout sur l’hypothèse d’un amour conjugal transcendant qui ne saurait s’arrêter à l’existence d’incartades passagères. Elle approuva. Je l’interrogeais sur la possibilité du polyamour. Elle se montra ouverte sur la question mais en théorie seulement. J’étais à deux doigts de lui cracher le morceau à propos de mademoiselle B. pendant que nous avalions quelques sushis. Mais je n’en eus pas le courage.
C’était trop tôt ; je devais préalablement prendre mes responsabilités. Rompre avec mademoiselle B une fois pour toutes. Intelligemment, proprement, voire même amoureusement. Mais rompre. Afin de mettre fin à une schizophrénie amoureuse qui me suçotait le cerveau depuis trop longtemps. Mademoiselle B. semblait s’y être elle-même résigné. Du moins le pensais-je. Ce n’était plus qu’une question de jours.
« A moins que …
- Non, n’y pense même pas.
- J’émets une simple hypothèse qui n’engage à rien.
- Je te vois venir, c’est n’importe quoi.
- Peut-être bien, mais reconnais que tu as de l’affection pour mademoiselle B. Elle t’a offert de l’amour dans des proportions incroyables et admets que tu as été touché. Le confinement à ses côtés a été un moment idyllique, non ?
- Certes, mais c’était une parenthèse, je l’ai toujours pensé et c’est justement parce que c’était une parenthèse que ce moment a été heureux. Tu oublies que j’aime Victoria et c’est la seule femme avec qui je peux envisager de faire ma vie.
- Evidemment que c’est la femme de ta vie. Personne ne te demande de renier ton engagement ou ton amour pour elle. Mais imagine un instant que Victoria accepte l’hypothèse polyamoureuse…
- Foutaises…
- C’est juste une hypothèse ! Fais un effort d’imagination, que diable ! Admettons que Victoria comprenne que tu as besoin d’un amour plus charnel que celui qu'elle t'offre et qu'elle accepte l'idée que tu puisses aimer une autre femme sans que cela ne réduise l’amour que tu lui portes. Elle conserverait le monopole sur tout ce qui compte le plus à tes yeux : vos projets de vie, votre complicité inégalable, votre imaginaire commun, son regard aimant et admiratif pour tout ce que tu fais. Mais elle délèguerait en quelque sorte son obligation sexuelle… Elle ne serait pas si perdante, d’autant que tu lui foutrais la paix sur le sexe et pourrait préserver ses moments de solitude qui lui sont vitaux.
- C’est vrai que ça changerait la perspective. Mais mademoiselle B. dans tout ça, tu y as pensé ? Tu crois qu’elle pourrait accepter de rester à sa place de maîtresse éternellement ?
- C’est sûr que ce n’est pas la place la plus enviable mais elle sortirait de l’ombre et aurait une position officielle dans ta vie. C’est finalement ce qu’elle souhaitait, non ? Et puis avec le temps, peut-être que Victoria et mademoiselle B. apprendraient à se connaitre et s’apprécier… Elles deviendraient complices et les relations s’équilibreraient.
- Tu me vends le plan du ménage à trois, là ? Vivre avec une femme ça me prend déjà toute mon énergie. Alors deux …
- J’admets que c’est un full time job mais le jeu peut en valoir la chandelle. On n’a qu’une vive…
- Et tu oublies que mademoiselle B. veut des enfants et faire des projets de vie avec un homme.
- C’est vrai que ce détail est un peu encombrant. Mais vu comme elle gère sa vie sentimentale, c’est pas demain la veille qu’elle les aura ses lardons. A défaut de grives on se rabat sur les merles. Finalement elle pourrait enfin avoir une vie sentimentale équilibrée avec un homme pas trop dégueu, ce serait déjà une grande victoire.
- Merci pour le "pas trop dégueu". C’est séduisant sur le papier mais franchement je doute que Victoria accepte une telle hypothèse. Devenir la compagne d’un homme bigame, ce serait dur à encaisser. Quant à mademoiselle B., sa fragilité mentale et son besoin d'amour pourraient lui faire accepter une telle perspective mais je crois qu’une telle situation la tuerait sur le long terme. Et moi dans tout ça ? Franchement, j’ai trop de choses à faire pour mettre les femmes au cœur de mon existence. Je ne suis pas #Copine 1 dont la vie se résume à la recherche de plaisirs égoïstes et qui se fout que le monde s’écroule autour d’elle du moment qu’elle peut collectionner les bites. Moi, j’ai la révolution à préparer. Et le jour de la révolution, je sais que Victoria sera à mes côtés. Et mademoiselle B. serait planquée sous la commode...
- Dans ce cas il ne te reste qu’une chose à faire. Prends tes responsabilités et fais preuve de courage. Quitte mademoiselle B. au plus vite et attèle toi à la révolution. Mais de grâce, commence par la faire dans ta vie avec Victoria. Si c’est la femme de ta vie comme tu le dis, il faut que tu changes ta manière d’être avec elle. Il n’y a pas d’amour, que des preuves d’amour, n'est-ce pas !
- Fous toi de moi... Bon, je t’ai écouté, maintenant repars d’où tu viens et laisse moi tranquille, j’ai besoin de calme dans ma tête. »
Pendant que mon s'achevait mon théâtre intérieur, je finissais de mastiquer le dernier sushi. Je regardais Victoria avec tendresse. Elle m'adressa un sourire.
La Révolution n'est rien d'autre que le retour d'un astre à son point de départ.
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