Le miroir de mademoiselle B. : la vie sexuelle, ce pléonasme

date_range 09 Mars 2020 folder Isaac et mademoiselle B.

La vie sexuelle, ce pléonasme

S'il est bien un domaine de mon existence que ma rencontre avec mademoiselle B. a transformé de manière décisive c'est bien mon rapport à la sexualité. Je peux le dire avec force et conviction et ce, quoiqu'il advienne par la suite : mademoiselle B. m'a fait accéder à une nouvelle dimension de mon être. Elle m'a en premier lieu permis d'accéder à la puissance du plaisir charnel dans des proportions inédites tout en me faisant découvrir de nouvelles facettes, inconnues, de mon propre plaisir. Elle m'a de surcroît amené à saisir, je crois pour la première fois de ma vie, certains aspects du plaisir féminin que je considérais jusque-là comme relevant du mystère inaccessible de son sexe. Faire l'amour avec mademoiselle B. ressemble fort à une épiphanie, une révélation divine, et je n'ai pas peur de l'emphase.

Je n'ai pas multiplié les conquêtes féminines et pour cause, j'ai eu plusieurs expériences longues entrecoupées de quelques périodes de passage à vide. Ma première relation a duré 6 ans, la dernière en date, avec Victoria, dure depuis presque 13. Ma vie sexuelle a démarré à l'âge de 17 ans avec ma première nana, Alexandra, qui était vierge comme moi. J'ai tout appris de la sexualité avec elle, d'autant qu'elle était sage-femme, ce qui m'a permis de bénéficier de ses apports théoriques parallèlement à leur mise en pratique, dans un cadre amoureux sain et joyeux. En réalité, seule notre sexualité était pour ainsi dire saine et joyeuse. Le reste du temps, nous passions notre vie à nous entre-déchirer.

Un jour, vers la vingtaine, Alexandra ma offert un cadeau qui aurait pu constituer une humiliation suprême pour tout mâle travaillé par sa virilité : un livre évocateur : Le sexe pour les nuls. Je ne fus nullement humilié, ayant été durablement immunisé contre les réflexes virilistes grâce à l'éducation empiriquement féministe que j’avais reçue de ma mère. Et puis à vingt berges, un garçon est encore un poussin sorti du nid qui découvre à peine le fonctionnement de sa queue. Le bouquin, fort bien fait au demeurant, expliquait sous la plume du Dr Ruth, que la sexualité n'était nullement affaire de performance, que le plaisir des femmes passait en premier lieu par le désir qu'elles pouvaient éprouver pour leur partenaire et que l'anatomie féminine était un jardin luxuriant de sensations charnelles à la condition de le respecter, de l'entreprendre avec douceur et patience, de le comprendre dans toute sa complexité et surtout de ne jamais -jamais ! - le forcer. Cela ouvrait dès lors toutes les portes du possible charnel, y compris les plus aventureuses, sexe anal y compris, pourvu d'être à l'écoute des envies de sa partenaire, de ne jamais négliger les caresses et les préliminaires et de toujours obtenir son consentement. Finalement, du bon sens, du respect pour le corps de sa partenaire et ne pas confondre les seins avec une miche de pain. Ce qui ne m'a pas empêché de pratiquer la sodomie avec Alexandra, à sa demande insistante, alors même que je pensais que cet acte relevait d'une transgression scatologique, douloureuse et uniquement dédiée au sentiment de toute-puissance masculine sans que les femmes n'en tirassent le moindre plaisir (même si je dois l'avouer, cela a toujours fait partie de mes fantasmes). Il pouvait manifestement en être autrement, à la condition formelle de toujours obtenir le consentement total et éclairé de sa partenaire dans un cadre de totale confiance mutuelle pour que cet acte soit un moment de plaisir partagé. Et d'éviter d'être un bourrin évidemment. Mais j’ai eu la chance d’appartenir à une génération qui a pu découvrir la sexualité en dehors des sites de free porn hardcore qui peuplent l’imaginaire de la jeunesse actuelle…

Cette approche de la sexualité qu'Alexandra m'avait amené à envisager alors que je faisais mes premiers pas d'amant m'a toujours accompagné dans ma vie sexuelle depuis lors. Je n'ai jamais négligé les préliminaires et je dois bien admettre que j'y prends plus de goût et y ressens davantage d'excitation que dans l'acte lui-même, au sens pénétrant du terme. J'ai, comme beaucoup d'hommes, une passion incontrôlable pour le sexe des femmes, fruit affriolant et suave, de même que pour leurs fesses rebondies et généreuses, et j'éprouve un plaisir sublime à les explorer longuement avec ma langue, allant parfois jusqu'à atteindre l’orgasme de la sorte par simple excitation. Toutefois, je n'avais jamais envisagé que l'acte sexuel puisse être considéré comme totalement abouti en dehors de la pénétration. Pas seulement de mon point de vue. Les femmes avec lesquelles j'ai eu l'occasion de faire l'amour avant mademoiselle B. semblaient toutes attendre ce moment où nos sexes s’unissent comme le véritable passage aux choses sérieuses. Certaines d'entre elles, en particulier Victoria, pouvaient même négliger totalement les préliminaires, accélérant le passage au va-et-vient frénétique.

Par ailleurs, j'en étais arrivé à négliger mon propre plaisir, beaucoup trop focalisé sur celui de mes partenaires. Bien-sûr j'aime énormément être pris en bouche. Mais le plaisir d'être sucé était devenu si rare voire inexistant dans ma vie sexuelle avec Victoria (la dernière fois qu'elle m'a fait plaisir de la sorte datait de 2011) que j'en étais arrivé à la conclusion que les femmes n’aiment guère la fellation et qu'elles s'y adonnent en début de relation peut-être uniquement pour créer de l'attachement chez leur partenaire. En outre, j'ai été durablement traumatisé par le rictus de dégoût que j'ai pu déceler à plusieurs reprises sur le visage de mes partenaires, y compris chez celles qui s'y adonnaient volontiers, quand il m'arrivait de venir en elles. De telle sorte que j'ai souvent préféré refuser de me faire sucer de peur de leur infliger l'épreuve peu ragoutante de goûter à mes épanchements. Le sperme cette malédiction...

En réalité, je me considérais volontiers comme un piètre amant, éjaculateur précoce, et incapable de faire jouir mes partenaires. Sur ce point, ma vie sexuelle avec Victoria n'avait fait de renforcer ce sentiment. L'ai-je une seule fois fait jouir ? Je n'en suis pas sûr. Mais je portais volontiers le poids de mes propres insuffisances. Toutefois, notre étreinte hebdomadaire ne me permettait guère d'améliorer mes « performances » dans le domaine de la sexualité, d'autant que Victoria faisait preuve d'une totale passivité dans l'amour. Elle se mettait sur le ventre, attendant que je lui fasse un massage, puis que je lui lèche le cul et son sexe longuement, avant de m'inviter à la prendre par derrière. Dans son sexe, je précise. J'ai bien tenté une fois ou deux d'emprunter la contre-allée (pour paraphraser Bashung) mais j'ai dû me résoudre à faire marche arrière. En revanche, elle pouvait, dans les bons jours, utiliser ses fesses généreuses et appétissantes pour m'offrir une furtive sodomie mensongère qui ne me laissait pas de marbre.

Généralement j'éjaculais quelques secondes après l'avoir pénétrée, sans grand plaisir (le vrai plaisir je l'avais eu avant cela dit), mais je parvenais toutefois à maintenir le rythme pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que mon érection soit insuffisamment vigoureuse pour continuer davantage. J'étais même devenu maître dans ma capacité à prolonger mon érection suffisamment longtemps après l'éjaculation pour faire illusion (parfois c'était quand même douloureux). A aucun moment, Victoria ne se serait aventurée à me caresser, à m'embrasser ou mieux encore à explorer mon sexe avec ses mains. Quant à me sucer, il ne fallait plus rêver. Une fois l'affaire achevée, Victoria se levait quasi-immédiatement sans un mot pour aller pisser, revenait dans le lit, se blottissait contre moi en position latérale contre mon dos et me souhaitait bonne nuit en m'embrassant.

Pouvais-je cependant lui en tenir rigueur. Incapable de contrôler mon éjaculation, je n'ai par ailleurs jamais compris ses zones érogènes. Son clitoris semblait être un organe secondaire et ne provoquait guère de manifestations de plaisir quand je le l'entreprenais avec mes doigts ou ma langue. Elle semblait apprécier toutefois que je lui lèche le cul comme l'attestait l'extrême propreté de cette zone fantasmatique et taboue qui m'amenait à penser qu'elle s'était minutieusement préparée pour l'occasion. Il faut dire que Victoria est assez obsédée par l'hygiène intime, et m'empêchait formellement d'aller m'aventurer dans ses recoins intimes s'ils n'étaient pas impeccablement propres. En outre, elle ondulait la plupart du temps son fessier latéralement de gauche à droite contre mes joues pour m'indiquer qu'elle appréciait ce moment. Mais pour le reste, tout demeurait mystérieux et son accès à l'orgasme visiblement hors de portée.

Bref, ma sexualité avec Victoria était devenue assez ritualisée, se déroulant selon un scénario systématique et à la longue assez décevant. Je ne l'ai jamais entendue pousser le moindre cri de plaisir, tout au plus quelques soupirs très discrets. Quant à son sexe, il était rarement humide et la pénétration était souvent fastidieuse même après de longs préliminaires. J'ai tenté mille fois de parler avec elle au sujet de notre sexualité. Elle m'a toujours opposé une fin de non-recevoir, à l'exception de phrases lapidaires pour m'assurer qu'elle prenait du plaisir et refermer une discussion qui la dérangeait visiblement. Mais, il y avait sa foutue endométriose pour laquelle elle avait subi une opération chirurgicale il y presque 10 ans qui lui faisait mal parfois pendant l'acte sexuel. Et puis moi. Il fallait bien me résoudre à l'idée que je ne savais pas y faire.

C'est dans ce contexte de faible estime personnelle pour mes dispositions d'amant que j'ai entamé ma première nuit d'amour avec mademoiselle B. Je ne reviendrai pas sur les circonstances de cette première nuit se sexe, décrite par ailleurs dans d'autres articles de ce blog et dans celui de mademoiselle B. Cette première nuit fut aussi calamiteuse qu'enchanteresse. Calamiteuse car je n'ai guère pu réfréner mon plaisir, succombant à ma manie de jouir très vite, du moins la première fois. Mais enchanteresse car cette nuit s'est prolongée toute la nuit et que nous avons pu remettre le couvert à plusieurs reprises dans un feu d'artifice orgasmique que je n'avais plus connu depuis des lustres (je parle pour moi). Plus encore, je fus stupéfait de voir mademoiselle B. s'approcher de mon sexe avec sa bouche. J'étais pris de panique autant que d'excitation. Me faire sucer alors que cela ne m'était pas arrivé depuis au moins 8 ans, je n'étais pas sûr de pouvoir me retenir plus que quelques secondes. Je l'avais prévenue afin de lui éviter le désagrément suprême de se retrouver avec ma semence dans le gosier, ce que je considérais comme le pire manque de respect dont je puisse me rendre coupable. Elle a négligé mes mises en garde et s'est mise à me sucer avec une dextérité assez impressionnante. Bien sûr je suis venu en elle au bout de 30 secondes, dans un râle bruyant, mais à ma surprise elle ne m'a pas fusillé du regard ni affiché ce rictus de dégoût auquel je m'étais habitué. Elle n'a pas même pas recraché mon sperme et est venue se blottir contre moi, visiblement assez satisfaite d'elle-même. Je crois que je me suis dit : « oh putain, elle me sort le grand jeu dès le premier soir, elle veut que je devienne accroc ! ».

En dépit de ma culpabilité de « mari » trompeur, je fus obsédé par cette première nuit et voulais ardemment goûter à nouveau à ce moment d'effusion sensorielle avec mademoiselle B. Ce que je ne savais pas, c'est que cette première nuit n'était en réalité qu'un grossier brouillon de ce qui allait nous attendre par la suite. Et que j'allais dompter mes complexes d'amant maladroit pour me révéler en amant talentueux. En réalité, le talent n'y est pour rien. J'ai simplement compris que le sexe se pratiquait à deux et que le désir de l'autre était la condition sine qua non à son propre plaisir. Et inversement.

Mademoiselle B. entretient à la sexualité un rapport extrêmement fort, sincère et généreux. Pour elle, se donner à l'autre relève d'une forme d'offrande mystique. Elle ne feint pas, et fait preuve d'une munificence érotique assez sidérante. Je ne suis cependant guère étonné que quelques mufles sans vergogne aient tenté d'abuser d'un tel engagement personnel dans le don de soi et de son corps.

J'ai été frappé, pour ne pas dire ému, par le soin tout particulier qu'elle met à envisager l'ensemble de mon anatomie pour mieux explorer mes zones de plaisir. Moi dont le corps semblait nié par Victoria depuis tant d'années redevenait un objet de désir, un terrain de jeu érotique. Elle s'aventure en caresses sur toutes les parties de mon anatomie, tente d'y déceler des manifestations de plaisir : nous nous embrassons longuement, elle lèche mes lobes d'oreille, caresse et embrasse mon torse, mes fesses et s'attarde évidemment et longuement sur mon sexe. Je ne suis pas spécialement baraqué et suis de taille très moyenne mais j'ai conservé une silhouette longiligne et une musculature encore harmonieuse héritée de ma vie passée d'ancien sportif, enfin pas de quoi fouetter un chat. Je n'en fais aucun motif de fierté (ni de complexe cela dit) mais sous ses doigts et ses caresses, je me sens subitement beau et séduisant. Elle sait comment faire jouir un homme mais sa démarche n'est jamais stéréotypée ni vulgaire. Au contraire, elle reste à l'affût, en véritable exploratrice, pour mieux déceler les zones de stimulation qui me feront chavirer. Bien sûr elle me suce généreusement mais pour la première fois je ressens chez une femme un plaisir réel et une excitation totale à me prendre en bouche. Elle me fait plaisir et elle se fait plaisir. Sidérant. Point de barrières faussement hygiéniques. Le sexe suppose des odeurs, des échanges de fluides. Pour elle, ce n'est pas sale, juste normal (enfin il y a des limites quand même !). J'ai très rapidement cessé d'avoir peur de venir en elle lorsqu'elle me suce.

Quant à moi, je ne suis pas en reste. Son corps m'inspire terriblement. Elle est petite, fine et assez frêle et j'adore ça. Tout est délicat chez ce bout de femme. Ses petits seins qui se tiennent droits et fermes surmontés de petits boutons roses, sources de complexes vraisemblables par le passé en raison de leur petite taille ; ils sont simplement sublimes dans toute leur petitesse. Je m'y attarde longuement avec mes doigts et ma langue, je les pince, les suce et les mordille et mademoiselle B. exprime à chaque fois des hoquets de plaisir. J'apprendrai d'ailleurs un jour que plusieurs de ses amants les avaient ostensiblement ignorés comme s'ils n'étaient pas dignes d'attention. Misère ! Des seins aussi sublimes !

Quant à son sexe, il est fin et délicat. Un fruit à sucer avec délectation. Je crois que c'est ce que je préfère dans l'amour, humer et lécher un sexe de femme. Et celui-ci je n'ai pas pu m'empêcher de le dévorer pendant des heures. Cela dit, mademoiselle B. m'avouera un jour que ce n'est pas dans cet exercice que je me révèle le meilleur. Petite déception, je pensais être devenu expert en la matière, d'autant que je mets du cœur à l'ouvrage. Je découvris un jour que mademoiselle B. nourrissait une forme de complexe au sujet de sa pilosité intime. Échaudée par des remarques désagréables prononcés par des amants mal-intentionnés à propos de sa toison qu'elle laisserait volontiers s’épanouir si elle s'écoutait, j'appris avec effroi qu'elle s'adonnait parfois à des scènes de torture dépilatoire chez l'esthéticienne. Elle m'en a parlé. Je lui ai précisé que j'adorais la douceur de son sexe épilé sous ma langue mais qu'en aucun cas je n'aurais quelconque droit de lui demander de s'adonner à des séances d'épilation pour moi. Si elle doit envisager mon plaisir comme une source de son propre plaisir, alors dans ce cas, je ne dirais pas que ça ne me plairait pas qu'elle se dégarnisse le minou. Voilà tout. Je crois que ma réponse l'a rassurée.

Je dois m'arrêter sur les fesses de mademoiselle B. Je pense que je n'ai jamais eu à découvrir intimement des fesses aussi fascinantes. Même chez Victoria et son fessier magnétisant. Les fesses de mademoiselle B. sont incroyablement rebondies, tels des petits ballons qui viendraient conclure une chute de reins vertigineuse. Son cul est vraiment prodigieux. Malheureusement, je partage ce point de vue avec nombre d'amants dont certains ont cru bon d'essayer de s'y aventurer brutalement. Quels connards ! C'est ce qui fera dire à mademoiselle B. que ses fesses sont sa malédiction. Non ma chère, ce sont les hommes ta malédiction, pas tes fesses sublimes. Je mettrai quant à moi un peu de temps à dompter ce derrière merveilleux, à oser y mettre ma langue puis un doigt. Je dois admettre que je ne lui ai pas demandé l'autorisation mais elle ne m'a pas rejeté. Depuis lors, je ne crois pas que je ressente plus d'excitation que quand je m'aventure entre ses fesses, que j'écarte ses deux demi-lunes pour y découvrir son petit trou noir et y poser ma langue. Là encore, j'admets que l'excitation suppose de passer outre la barrière du « sale ». Mais mademoiselle B. a un rapport (elle aussi) obsessionnel à l'hygiène corporelle, les efforts faits en la matière pour rendre l'endroit accueillant étant par ailleurs une invite assez univoque à m'adonner à ce genre d'exploration. Il me fallait cependant être fixé au sujet de la sodomie. Sujet aussi fantasmatique chez un homme que sensible chez une femme. Elle a gentiment refermé la porte sans toutefois l'exclure un jour. Dont acte, je m'en passerais donc. Aucune importance !

La singularité de mademoiselle B. réside dans l'extrême limpidité de son anatomie du plaisir. Ses zones érogènes se dévoilent comme une évidence sous les caresses. Quant à l'humidité de son sexe, elle constitue une boussolle rassurante quant à son degré d'excitation. Elle signifie clairement son plaisir par des petits cris, des soupirs, des hoquets, des tremblements se transformant parfois en extase furieuse au moment de l'orgasme. Le jour et la nuit en comparaison du mutisme de Victoria. L'orgasme de mademoiselle B. est quant à lui dirigé par son clitoris commandeur. Clitoris externe préciserais-je car l'on sait depuis quelques années (seulement) que le clitoris est en réalité un iceberg de plus d'une dizaine de centimètre dont seule une petite partie est visible. Et le clitoris de mademoiselle B. nécessite toutes les attentions. J'ai mis un peu de temps à le comprendre, car je demeurais largement empêtré dans ma vision phallocentrique de la pénétration comme passage obligé de l'acte sexuel. J'ai en réalité saisi que la pénétration n'était pas synonyme d'orgasme et que des caresses appuyées ou le frottement mon sexe contre le sien étaient des voies souvent bien plus sûres pour lui arracher un torrent orgasmique. A l'inverse, la pénétration ne procure pas chez mademoiselle B. des sensations analogues. Il semblerait même que c'est moi qui l'ai quelque peu réconciliée avec la le fait d'être pénétrée, mademoiselle B. ayant eu à subir par le passé quelques blocages, voire des sensations désagréables lorsqu'elle accueillait un sexe dans le sein. Il semblerait que nos étreintes aient réveillé des sensations enfouies, et permis l'irruption de sensations orgasmiques inédites mais très différentes de la stimulation clitoridienne. Il y eut aussi cette expérience totalement déroutante de femme fontaine qui a profondément déstabilisé mademoiselle B. Elle et moi avons été pris de cours par les manifestations prodigieuses de son corps. Le point G. ne serait donc pas un mythe ?

Tant mieux car j'aurais eu du mal à me passer du plaisir d’entrer en elle. D'autant que j'adorais expérimenter avec elle des positions nouvelles, raisonnablement acrobatiques, pour laisser éclore ma part de lubricité animale avec une partenaire si généreuse qui m'avait littéralement transformé en animal jouisseur et endurant. Car comme par magie, tous mes démons s'étaient envolés. Fini les éjaculations rapides et mal contrôlées, nos étreintes duraient désormais jusqu'à 40 minutes de plaisir ininterrompu jusqu'à l'arrivée d'un orgasme dévastateur et bruyant, pour chacun de nous la plupart du temps. Nous parvenions à maîtriser chaque fois davantage notre plaisir de manière à faire monter la sensation de jouissance dans des proportions inouïes. Il y eut bien sûr des moments plus enivrants que d'autres, des soirs totalement extatiques, d'autres plus banals mais dans tous les cas notre entente sexuelle relevait du spirituel, autant que du charnel, et jamais je n'ai ressenti dans ma vie une telle complicité amoureuse avec une femme. Je ne sais si je revivrai un jour des sensations d'une telle intensité avec une autre.

Mademoiselle B. m'a simplement permis de comprendre que faire l'amour n'a pas un sens univoque et que le plaisir est une quête aux chemins multiples. Et que la sainte trinité érection-pénétration-éjaculation n'était qu'une fable de nature patriarcale pour mieux détourner les hommes et les femmes de la signification profonde du plaisir : une extase transcendante située entre l'urgence de vie et la sensation de mort.

Et surtout nous parlions, plutôt nous nous écrivions longuement pour évoquer notre plaisir. Elle m’a également parlé de ses fantasmes et m’a demandé d’évoquer les miens. Mademoiselle B. avait besoin de débriefer sur ses sensations ou de connaître mes envies. Surtout au début de notre relation. J'ai quant à moi toujours été très pudique en matière d'évocation de ma sexualité. Mais j'ai goûté avec délice à cette correspondance érotique. Pour la première fois de ma vie, j'évoquais crûment mon désir, mes fantasmes, mon plaisir.  Mademoiselle B. faisait de même et cela m'excitait terriblement. J’échafaudais dans ma tête, pendant que je lui écrivais, les scénarios de nos prochaines étreintes et tentais de les mettre en application à l'occasion de nos retrouvailles.

Mademoiselle B. continuait quant à elle sa quête exploratoire de mon propre plaisir masculin, ce qui me ravissait. Je sentais qu'elle s'aventurait progressivement vers mes fesses mais qu'elle n'osait franchir le pas. Je sentais toutefois que l'idée de s'introduire en moi l'obsédait. Nous n'en avions pas parlé mais je m'étais préparé à cette éventualité excitante, en m'adonnant également à des soins intimes systématiques pour ne pas laisser gâcher l'expérience par le malaise provoqué par l'irruption du « sale ». Un soir, elle m'a littéralement entrepris et je suis devenu son jouet. Elle m'a déshabillé, m'a poussé contre le lit et me suis retrouvé sur le ventre pendant qu'elle s'est mise à me bouffer littéralement le cul. Plus tard, je lui proposais (sans un mot) un 69 mais inversé, moi dessus et elle dessous, mon cul frappant sa langue pendant de longues minutes pendant que je dévorais son sexe et introduisais une phalange dans son anus. Je sentais que ses doigts massaient mon trou et subitement je me redresse, saisis sa main pour qu'elle introduise profondément un doigt dans mes entrailles. C'est la première fois que je me laissais pénétrer par une femme. J'avais évidemment largement pratiqué en solo l’auto-pénétration depuis l'adolescence mais je ne m'étais jamais senti suffisamment en confiance avec une femme pour la laisser s'introduire en moi. Et puis cette névrose du « sale » qui me hantait.

Pendant qu'elle s'introduisait profondément en moi et qu'elle me fouettait de l'intérieur, je me suis mis à me branler frénétiquement. La sensation dans mon fondement n'était pas spécialement agréable mais l'excitation était à son paroxysme. Je ne crois pas avoir vécu un orgasme aussi puissant de toute ma vie. J'ai même cru un moment que mon cœur avait lâché.

La sexualité avec mademoiselle B. est sûrement le seul domaine de notre relation qui n'ait jamais connu de crise et qui se soit même bonifié avec le temps, et ce jusqu'à ce jour où j'écris ces lignes. Faire l'amour avec mademoiselle B. va bien au-delà du sexe. Il s'agit d'une aventure quasi-mystique, alliant la transcendance et l'immanence, le spirituel et le charnel. Mademoiselle B. a permis de me faire découvrir une facette de ma personnalité totalement inhibée jusque-là : jouisseuse et généreuse. Et surtout elle est parvenue à me faire comprendre que la sexualité n'est rien d'autre que la vie. Parler de vie sexuelle n'est donc qu'un pléonasme.

Je ne sais d'ailleurs par quel miracle elle est parvenue à faire de moi un amant talentueux, sincère et passionné.

J'ai recommencé une vie sexuelle avec Victoria, rarement certes mais nous sommes convenus de regagner le goût à la sexualité depuis la fin de notre crise conjugale que je raconterai un jour. Clairement, le cœur n'y est pas même si elle fait des efforts (moi beaucoup moins je dois l’admettre). En ce qui me concerne je peine à ressentir le centième de l'excitation que j'éprouve avec mademoiselle B. Le plus surprenant dans tout ça c'est qu'à chaque fois que je pénètre Victoria, j'éjacule quasi-immédiatement sans orgasme. Comment est-ce possible alors que j'ai une pratique active de la sexualité depuis 6 mois et que suis capable de tenir le rythme pendant près de 40 minutes avec mademoiselle B ? Mystère. Je ne vois guère qu'une explication psychologique. Certains ne parviennent pas à bander lorsqu'ils manquent d'excitation moi je redeviens un éjaculateur précoce. Peut-être car mon subconscient me signale que l'amour charnel n'a de sens profond qu'avec mademoiselle B., et que c'est à elle et elle seule que je dois réserver mes étreintes passionnées : mademoiselle B. est l’éros, cette femme qui m'a fait découvrir pour la première fois de ma vie ce que faire l'amour signifiait. Victoria, quant à elle a tout le reste... Elle est la philia, l’amour « raisonnable » et pur, mais dénué de dimension physique.

Eros et Philia, les deux mamelles du destin d’Isaac.

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