Présentations - Qui est Isaac et pourquoi ce blog ?

date_range 02 Février 2020 folder Présentations

Isaac et sa crise de la quarantaine 

Je m’appelle Isaac, du moins c’est ainsi que mademoiselle B. me nomme. Mademoiselle B. ? Une femme qui accompagne ma vie depuis quelques mois. Allons droit au but, mademoiselle B. est ma maîtresse, autrement dit l’autre femme, la non-officielle, celle avec laquelle je ne partirai pas en vacances et que je ne présenterai pas à ma famille.

Je viens d’avoir 40 ans et je dois admettre que je viens de me prendre sur le coin de la tête cette foudre existentielle que l’on appelle banalement la crise de la quarantaine ; ce moment de l’existence où l’on remet beaucoup de choses en question. Rien de grave ni de terrifiant, simplement la prise de conscience de la différence fondamentale qui existe entre avoir des convictions et être pétri de certitudes Et vient cette interrogation existentielle : quel sens souhaiterais-je donner à la seconde partie de ma vie.

J’ai pourtant à première vue une vie riche et épanouissante : j’ai fait de belles études, j’ai une situation sociale et matérielle très avantageuse, en tant que Directeur d’une administration d’un grand service public français. Par ailleurs j’enseigne dans une prestigieuse université depuis plus de 10 ans, je suis très impliqué dans la vie citoyenne et associative où j’ai acquis des responsabilités et de la reconnaissance, j’ai publié un ouvrage de sciences sociales et un deuxième devrait être édité par une prestigieuse (mais confidentielle) maison d’édition parisienne – encore faudrait-il que je parvienne à me motiver pour l’écrire. J’ai par ailleurs entamé depuis quelques années une démarche initiatique passionnante au sein de la franc-maçonnerie (vous savez, le grand complot affairiste qui dirige le monde, les Illuminati, tout ça…). Dans un autre registre qui me tient à cœur, je suis un musicien/compositeur de très bon niveau et suis le fondateur et leader artistique d’un groupe semi-professionnel de musique klezmer (le jazz de tradition juive) qui a quelques prétentions artistiques et se produit dans la Région où j’habite. Bref, j’ai construit ma vie et porte quelques motifs de fierté personnelle d’avoir réussi à conserver intactes mes passions et d’en avoir fait de mon travail des motifs de réussite et de reconnaissance personnelle. J’ai construit ma vie autour d’une devise personnelle : la vie est trop courte pour n’en avoir qu’une seule. En effet, la vie n’est qu’un instant et la perspective inexorable de la mort doit être une injonction de faire vie de tout bois.

J’admets qu’à ce stade, le portrait que je fais de moi pourrait ressembler à un exercice d’autosatisfaction. Il n’en est rien. En effet, j’arrive à un carrefour de vie où je prends conscience de la part de vanité des choses autour desquelles j’ai construit ma vie : ne serais-je pas en définitive aveuglé l’illusion des choses, ou plutôt par l’illusio, ce concept sociologique posé par Pierre Bourdieu (que je vénère) qui traduit l’adhésion d’un individu aux règles, normes et valeurs qui déterminent son champ d’appartenance. Dit plus simplement, ne me serais-je pas simplement embourgeoisé et n'aurais-je pas adhéré à mon corps défendant aux normes sociales boboïdes des CSP+ ayant une conscience de gauche, moi le révolutionnaire de salon qui professe la République sociale jaurésienne bien planqué dans mon microcosme intello bourgeois ? Par ailleurs, mon obsession existentielle de réaliser mon œuvre et de l’offrir à l’humanité comme témoignage de mon passage sur terre ne serait-elle pas en définitive une entreprise vaine et prétentieuse ? Je n’ai évidemment pas de réponses à ce stade.

Du côté de ma vie sentimentale c’est en apparence le beau fixe : ma compagne est superbe, intelligente et indépendante. Elle partage ma vie depuis de plus de 12 ans. Je l’aime d’un amour profond et sincère. Une complicité et une compréhension mutuelle nous unit et s’est forgé autour d’un véritable imaginaire commun, une sensibilité à l’unisson sur le monde qui nous entoure. Nous ne voulons pas d’enfants et envisagerions le plus (le moins) sérieusement du monde d’adopter un cochon, des poules et une ânesse (oui Victoria est une grande amie des bêtes et on aurait d’ailleurs appris au cochon Garbit – ce sera son nom - à ouvrir tous les matins la porte du poulailler avec son petit groin). Elle partage néanmoins mon regard révolté sur le monde bien qu’elle soit infiniment plus optimiste que moi. Elle m’aide à conserver en moi cette part d’émerveillement devant la beauté extatique de l’écosystème, à rester humble devant les mystères de l’univers et ému devant les chefs d’œuvre de l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau. Bref, elle a ce petit supplément d’âme, ce rapport spirituel à l’art et à l’existence qui m’émeut chaque jour. Elle s’appelle Victoria (du moins c’est ainsi que mademoiselle B. la nomme). Et je me verrais bien partager les 15 prochaines années à ses côtés.

Mais il y a un mais : notre passion amoureuse a disparu entre nous depuis très (trop) longtemps. Et le carcan de la vie moderne n’y est pas pour rien. Adieu, poules, vaches, cochon : la vie est décidemment beaucoup plus prosaïque … Nous sommes l’un et l’autre happés par nos activités professionnelles respectives qui comportent d’importantes responsabilités, et le travail de Victoria, cadre sup' hosptalier l’épuise nerveusement. En outre cela fait 10 ans que nous sommes séparés physiquement la semaine en raison d’un célibat géographique lié au fait que l’on travaille dans deux villes différentes et éloignées. Du coup j’ai enchaîné les pied-à-terre plus ou moins confortables et la vie pendulaire qui va avec : TGV ou voiture le vendredi soir et le lundi matin, appartement d’étudiant la semaine, retour au bercail le week-end sans véritablement me sentir chez moi.  Je souffre de ma vie pendulaire et des milliers de km absorbés depuis 10 ans et pis, du sentiment usant de n’être chez moi nulle part. Un comble : c’est bien la peine de m’être embourgeoisé pour continuer à vivre 5 jours sur 7 dans un meublé d’étudiant sans âme et au confort très spartiate, et ce, depuis 10 ans !

Dans ce contexte, notre vie sentimentale s’est enlisée dans le rituel émollient du couple qui ne se voit que le week-end et pendant les vacances. La sexualité entre nous est devenue fade, mécanique, et, plus grave, un sujet tabou. Nos retrouvailles hebdomadaires impliquent un sas de décompression afin de passer outre l’agacement de devoir composer avec les défauts de l’autre (et j’admets honnêtement que des défauts j’en ai). Quant à moi, je m’interroge sur le sens d’une vie à deux dénuée de projets communs, et d’une vie de couple qui s’ancre petit à petit sur l’habitude de la vie à deux davantage que sur la passion partagée. Plus grave, il m’est impossible d’évoquer avec elle les raisons de son absence de désir, de la dépréciation de son corps et de la négation du mien comme objet de désir. Depuis plusieurs années, je tente de mettre des mots sur les maux. En vain, je n’ai jamais réussi qu’à obtenir des larmes. Jamais de réponses mais davantage de barrières érigées entre son corps et le mien. J’ai parfois le sentiment de ne pas la connaître mieux aujourd’hui qu’il y a 15 ans. Et je doute d’être parvenu à la faire jouir une seule fois dans notre relation intime.

J’ai donc une maîtresse. Vous me direz, rien de plus banal chez un quadra vivant sa crise existentielle. Je vis depuis plusieurs mois une relation passionnelle et passionnante avec mademoiselle B., une jolie trentenaire un peu torturée, passablement névrosée, idéaliste passionnée de l’amour avec un grand A et totalement paradoxale. Mais pétillante, atypique, curieuse et entière. Elle a de l’amour à revendre et une générosité dans ce domaine qui émouvrait une pierre. Elle tente de surmonter certains traumas d’enfance qui lui ont laissé des cicatrices encore douloureuses et qui ont sérieusement ébranlé son estime de soi. Etat de fait aggravé par une série de relations amoureuses à l’issue pathétique qui lui ont fait perdre toute confiance dans sa capacité à être aimée et pis, à aimer sans peur de souffrir. Elle souffre d’être l’autre femme, la non-officielle, celle avec laquelle je ne partirai pas en vacances et que je ne présenterai pas à ma famille.

Je connaissais mademoiselle B. depuis quelques mois par le biais d’amis communs que je fréquente dans la ville où je travaille (mon autre chez moi). Une soirée d’été, je suis tombé dans un traquenard organisé par elle et nos amis communs. J’en ai été la victime consentante et ai fini dans son lit après une soirée très arrosée. J’ai été hanté par cette nuit et j’ai souhaité la revoir. Notre relation est très vite devenue passionnelle, charnelle et enivrante, mais tumultueuse et angoissante aussi. Elle n’en est que plus fascinante. Parmi les aspects les plus passionnants de notre relation, outre la (re)découverte d’une sexualité exaltante et exploratoire, il y a notre relation épistolaire. Des sms fleuves, des courriels enflammés, parfois amoureux surtout au début, parfois blessants par la suite, où l’on évoque de manière crue et saine nos sentiments, nos désirs, nos fantasmes, mais aussi parfois l’impossibilité de notre vie à deux et l’angoisse mâtinée de culpabilité que fait naître l’impossibilité de notre relation. Et puis j’ai découvert l’existence de son blog :

http://arretezdemappelermadame.blogspot.com/

Le blog de mademoiselle B et le contrepoint d’Isaac

Mademoiselle B. m’a parlé de ce blog très personnel et en théorie introuvable car elle s’était attachée à bien brouiller les pistes afin d’éviter que les différents protagonistes cités ne tombent dessus. Selon elle, ce blog constitue une sorte de bouée de sauvetage psychique, un exutoire littéraire par lequel elle peut s’exprimer sans fard sur ses expériences intimes, sa sexualité et surtout sur l’intensité de son désarroi émotionnel. Elle m’a bien précisé qu’elle ne souhaitait pas que je le lise car elle ne se sentirait plus libre d’écrire si je venais à le découvrir.

Evidemment, il n’en fallait pas plus pour que j’essaye de mettre la main sur son blog. Quoi de plus excitant que de disposer d’une voie royale vers la psyché féminine de mademoiselle B., et derrière elle disposer de quelques clés de compréhension du mystère de son sexe ! Car j’avoue que les femmes demeurent pour moi une sorte de mystère irrésolu. Féministe convaincu, ce blog pouvait me permettre de mettre le doigt sur mes contradictions et la rémanence de mes réflexes machistes de mâle hétéronormé. J’étais par conséquent curieux de disposer de sa caméra subjective sur l’existence et mieux appréhender sa perception de gens qui, comme moi, sont entrés dans sa vie à un moment donné de sa trajectoire biographique. Et bien sûr savoir ce qu’elle pensait de moi et de notre relation indépendamment de ce qu’elle pouvait bien me dire dans nos dialogues écrits et oraux, dont les termes auraient pu être tronqués par la pudeur (ou l'hypocrisie) qui caractérise toute expression directe. Curiosité malsaine me direz-vous ? Peut-être. Mais à l’inverse, sa démarche d’écrire un blog implique de s’adresser à des lecteurs du monde entier. Ce n’est pas un journal intime mais une expression publique. Et j’avais cette intuition, pas si dénuée de fondements, qu’elle souhaitait au fond d’elle que je lise sa production intime.

Après de nombreuses et infructueuses recherches, j’ai pris le taureau par les cornes et ai utilisé un moteur de recherche spécialisé dans les blogs en m’appuyant sur quelques mots clés dénichés ça et là. Un soir de novembre je me suis soudain écrié in petto : « putain, j’en ai chié mais je crois que j’ai trouvé ! » 

Je n’ai pas été déçu. J’ai dévoré ses articles. Et pas uniquement, loin s’en faut, ceux qui me concernent directement. D’ailleurs, son feuilleton sur mademoiselle B. et Isaac ne m’a pas réservé beaucoup de surprises, éventuellement une prise de conscience de la puissance de son ressenti intime et de la souffrance qu’induit sa situation de maîtresse d’un homme « marié ».  Mes maladresses aussi. Toutefois, à aucun moment, je n’ai eu le sentiment de découvrir des états d’âme très différents de ceux que mademoiselle B. pouvaient m’exprimer directement au travers de nos discussions ou de nos messages. J’ai en revanche été surpris par la véracité de son récit sur les moments partagés de même que par la grande précision des dialogues retranscrits. Peu de licence poétique ou littéraire, pas de prétention analytique … sauf quand elle parle de sexualité. Sur ce point, je dois reconnaître que j’ai découvert une évocation fascinante de la sexualité féminine et accessoirement que je pouvais être un amant attentionné et, chose encore plus dingue, talentueux. Moi qui traîne depuis longtemps une sorte de complexe et me suis souvent considéré comme un piètre amant. J’admets avoir été flatté mais là n’était pas le plus important. Je redécouvrais sous la plume de mademoiselle B. la puissance trop souvent méprisée par moi de l'amour charnel et du plaisir partagé.

Je me suis mis à parcourir ses articles plus anciens et les joies et les peines découlant de ses aventures passées, ses expériences loufoques et transgressives, son rapport libre, décomplexé mais parfois aliénant au sexe, l’évocation de traumas qu’elle traîne depuis des années et son regard mi-désabusé mi-idéalisé sur l’existence … Dans ce matériau brut et marqué par l’immédiateté du ressenti, j’ai surtout apprécié la qualité littéraire de ses évocations et sa capacité à y développer une certaine tension dramatique. Bref, je dois admettre que j’adore sa démarche et son style.

J’ai donc menti à mademoiselle B. pendant plusieurs semaines. J’ai même tenté de brouiller les pistes afin qu’elle ne sache pas que je lisais son blog et surtout qu’elle n’interrompe nullement sa production. Il m’a bien fallu lui avouer récemment mon mensonge, d’autant que je savais qu’elle savait même si elle ne me l’avait pas dit directement. De cet aveu (et après une petite explication) je lui ai proposé le contrat moral suivant :

« Ce blog est important pour toi. Continue d’écrire librement, n’aie pas peur de m’éreinter si tu le souhaites, mais sache que ce blog participe d’une certaine manière de notre relation. Je ne te ferai aucun commentaire sur son contenu car je veux que tu te sentes libre d’écrire mais je veux continuer de le lire car je l’adore.

Toutefois, je te propose d’ouvrir mon propre blog qui me permettra d’apporter un regard différent sur les événements que tu relates. Cela sera le contrepoint d’Issac au point de vue de mademoiselle B. Il offrira à tes lecteurs, notamment aux plus rageux d’entre eux, la possibilité de se forger un avis éclairé sur la base d’une présentation équilibrée ».

Mademoiselle B. a accepté le deal et a même trouvé que ce projet pourrait être un procédé littéraire qui ne manquerait pas de panache.

Me voici donc embarqué dans la tenue d’un blog qui a pour première ambition d’être le blog miroir de mademoiselle B. Je ne répondrai pas directement aux articles de mademoiselle B. car cela n’aurait pas grand intérêt pour le lecteur. Ce blog n’a pas pour vocation à nous amener à régler publiquement nos comptes. Cela on le laissera à nos échanges intimes si besoin. Par ailleurs, je ne suis pas capable d’écrire comme le fait mademoiselle B. Mon regard sera plus analytique, empruntera parfois au matériau philosophique et aux sciences sociales qui ont façonné mon esprit et je m’attacherai à prendre beaucoup de recul par rapport aux événements afin qu’il soit une voie permettant au lecteur de rechercher honnêtement la vérité. Je ne détiens pas la vérité mais un point de vue, celui d'un quadra sur la vie. En dernier ressort, il reviendra au lecteur se de forger son propre avis sur la base des deux blogs miroir.

Mais maintenant que je me lance dans la tenue d’un blog de vie, autant que je m’adonne à l’exercice égotiste qu’il suppose. Mon blog sera donc l’occasion d’offrir un point de vue sincère bien que nécessairement subjectif sur certains aspects qui occupent une place importante dans ma vie et qui pourraient intéresser le lecteur pour peu qu'il fasse preuve d'un peu d'ouverture d’esprit. Citons notamment :

-          Une évocation de ma démarche initiatique en franc-maçonnerie afin de faire tomber quelques préjugés sans pour autant tomber dans l’angélisme ;

-          Un hommage plein de tendresse à une femme qui a eu une destinée banalement héroïque : ma mère ;

-          Une présentation de ma démarche artistique et de l’importance de la spiritualité par l’art et dans l’art

-          Une réflexion sur le féminisme au XXIème siècle de la part d'un mâle blanc hétéronormé au travers de mon propre rapport (légèrement torturé) aux femmes… 

Bref, le regard d'un quadra sur la vie....

Reste à savoir si j’aurais le temps, l'insipration et l’envie de m’adonner à cet exercice au long cours. Et si ma production saura intéresser le lecteur car c'est le but. Mais ça, seul l’avenir nous le dira ! 

Isaac

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